Cycle 2003-2004 : Introduction

Au-delà du sensible
Essai d’une promenade dans l’imaginaire (la mort, le temps, le réel)

L’esprit humain a toujours cherché à percer le mystère de l’au-delà du sensible. Qu’y a-t-il derrière les apparences ? Cette question, l’humanité se la pose depuis fort longtemps. De tous temps l’imaginaire de l’homme en a été stimulé. Peut-être même, avant de se poser consciemment la question, les hommes y ont-ils apporté des réponses intuitives, ou même instinctives.

C’est ainsi que, pendant longtemps et pour de nombreuses populations, le monde qui s’offre à nous fut vécu (peut-être l’est-il encore pour certains ?) comme régenté par des esprits. Esprits de toutes sortes : de la végétation, des animaux, des montagnes, des rivières, des sources …. mais aussi toute l’armée des démons ; ou encore les esprits des ancêtres.

Puis, au fil des temps, d’autres réponses prirent corps. On peut les ordonner autour de quelques grandes questions, toujours présentes à l’esprit humain.

Qu’y a-t-il au-delà de la mort ?

Avant même l’époque néolithique, il semble que les hommes aient eu souci de ce qu’il advient d’un défunt. Des sépultures préhistoriques nous montrent que l’inhumation de certains défunts devait s’accompagner d’un cérémonial dont les objets et les restes trouvés dans ces tombes sont le témoignage. Croyance dans une survie du défunt ? la réponse est difficile, mais cela montre que, déjà, l’au-delà de la mort stimulait l’imagination de ces lointains ancêtres.

Faisons un grand saut dans le temps. Deux grandes sortes de croyances se sont affirmées. Ou bien une vie nouvelle après la mort dans un monde proche de celui des dieux : mais s’agit-il de l’éternité de l’âme ou d’une résurrection ? Ou bien une succession de renaissances dans un autre être vivant sur terre, en d’autres termes une succession de ré-incarnations ; mais alors, quelle sera l’issue finale de ce cycle des ré-incarnations ?

Dans l’une et l’autre de ces perspectives, la vie du défunt, avec ce qu’elle avait eu de louable ou de condamnable, ne manquait pas de peser sur son avenir dans sa nouvelle vie. Allait-il vers un châtiment ou vers un bonheur éternel ?

Où nous conduit le temps qui s’écoule ? Y aura-t-il une fin des temps ?

Longtemps les peuples, frappés par le renouvellement régulier de phénomènes terrestres ou célestes, eurent du temps la conception cyclique d’un éternel recommencement. Mais frappés aussi par l’opposition entre les forces de vie et les forces destructrices de celle-ci, par l’antagonisme entre un ordre des choses toujours fragile et la menace permanente du désordre et du retour au chaos, certains peuples associèrent à ces cycles éternellement recommencés l’idée d’un combat toujours renouvelé entre le Bien et le Mal, entre la Vie et la Mort. Il appartenait au roi, aux prêtres, par des rites appropriés, d’assurer le triomphe des forces du bien et la permanence d’un ordre sans lequel le lendemain pourrait ne pas exister, le soleil ne pas revenir et la vie devenir impossible.

Jusqu’au moment où il fut imaginé que ce combat aurait un jour une fin. Ce serait le triomphe définitif du Bien et l’avènement d’une vie et d’un monde renouvelés. Ce serait la fin du temps terrestre. Cette idée, semble-t-il, serait née en Iran (avec Zoroastre ?) avant d’être partagée par le Judaïsme et surtout reprise par le Christianisme. Comment est née puis s’est développée cette perspective eschatologique qui veut apporter un terme à l’écoulement inexorable du temps ?

Qu’y a-t-il derrière le monde sensible ?

L’homme a toujours cru qu’au delà des choses visibles, il y avait des choses invisibles. Qu’est donc ce monde invisible ? :

Serait-ce, comme l’ont pensé certains philosophes, notamment dans la Grèce antique (Platon en particulier), un monde d’idées qui ont plus de réalité que les êtres du monde sensible ? Conceptions qui se sont prolongées jusque dans les temps modernes (rappelons ici la grande querelle des universaux qui parcourut le Moyen-Age) et à partir desquelles s’est développée toute l’histoire de la métaphysique, qui essaie de répondre à cette question.

Ou bien ce monde invisible est-il celui que nous décrivent aujourd’hui les théories scientifiques ? Car la science moderne a renouvelé totalement cette question. Certes, la réalité ultime des choses n’est pas celle que l’on voit. Mais la réalité scientifique est tout autre chose que des “idées” imaginées a priori. Elle se révèle surtout contraire au sens commun. Par exemple, déjà à la naissance de la science moderne, l’affirmation du principe d’inertie, selon lequel un corps soumis à aucune force est toujours animé d’un mouvement rectiligne et uniforme, contredisait l’expérience immédiate.

De nos jours, avec la science contemporaine, avec la théorie de la relativité et celle des quantas, non seulement l’expérience quotidienne est totalement dépassée. En outre les théories scientifiques, exprimant souvent la réalité ultime au moyen du langage abstrait des mathématiques, sont devenues peu accessibles au commun et à l’imagination.

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