Noël, pile et face

Noël parle de l’amour de Dieu. Et cela nous conduit à nous réjouir au point de faire de Noël une fête. Il y a, néanmoins, un côté pile à cette histoire. En effet, les évangiles contiennent bien des éléments qui n’ont rien de réjouissant : Joseph et Marie n’ont pas pu trouver la place qu’occupent habituellement les voyageurs en séjour dans la Judée de l’époque. Les mages annoncent un terrible massacre à venir. L’évangile de Jean, d’une manière plus poétique, déclare que les ténèbres n’accueillent pas la lumière.

 

Tout cela peut focaliser notre attention. Et nous pourrions en conclure que Noël révèle que nous ne sommes pas capables de faire un peu de place pour Dieu dans notre vie. Il y a tout ce qu’il faut, dans ces récits, pour les apôtres de la culpabilisation, qui aiment appuyer sur les faiblesses humaines pour mieux mettre en cause notre façon de vivre, et nous accuser de ne pas être suffisamment charitables.

 

Ce côté pile de Noël, c’est aussi ce que ressentent bien des personnes isolées. Noël parle à leur sentiment de solitude. Pour elles, Noël ne sera ni la fête de la famille, ni celle de l’amour fraternel. Ce ne sera tout simplement pas une fête, mais une évidence: le monde est cruel. Le monde est injuste.

 

Post tenebras lux

 

L’Évangile ne s’arrête pourtant pas au manque de place ni aux ténèbres qui ne saisissent pas la lumière. L’évangéliste Luc ne s’en tient pas au côté pile d’une histoire où l’humanité est moribonde et l’histoire n’est qu’un vaste chaos. Luc écrit l’autre versant de cette histoire en révélant la face à Dieu. Dieu injecte de nouvelles possibilités dans notre histoire quand celle-ci n’offre plus grand-chose à espérer. La grâce de Dieu n’est pas tenue en échec par le côté de pile d’une histoire qui serait en panne d’amour.

 

Dieu inspire de la créativité et une ouverture d’esprit chez Marie et Joseph qui arrangeront le chaos  ambiant pour qu’advienne à nouveau la vie. Le dynamisme créateur de Dieu est à l’œuvre dans ces personnages qui aideront Jésus à échapper à la folie meurtrière d’Hérode, qui l’aideront à prendre conscience de sa vocation divine, qui susciteront chez lui des paroles qui, aujourd’hui encore, nous inspirent de nouveaux élans créateurs. Avec le personnage biblique Job (15/12), accablé par les malheurs, nous pouvons dire ce qui deviendra la devise de la ville de Genève : «après les ténèbres, j’espère la lumière», selon la traduction en latin.

 

Dieu, c’est ce qui propulse notre vie du côté face. Et quand cela arrive, c’est Noël. C’est Noël à chaque fois que notre Église donne un coup de pouce pour sortir quelqu’un de l’analphabétisme ou de l’illettrisme ; le dîner paroissial du 24 décembre, nous nous offrirons mutuellement comme famille spirituelle ; en coopération avec Saint François, Hiver solidaire permettra à des femmes de trouver une place inhabituelle.

 

Noël, c’est lorsque, à notre échelle, par nos paroles et par nos actes, nous faisons basculer nos contemporains du côté de la face de Dieu. Ainsi la vie devient lumineuse.

 

James Woody

 

Veillée de Noël le 24 décembre à 19h00 – possibilité de poursuivre par un repas paroissial – s’inscrise auprès du secrétariat

Culte de Noël le 25 décembre à 10h30 avec célébration de la Cène

 

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