Cycle 2010-2011 : Introduction

Du Jésus de l’histoire au Christ de la foi

Parlant de Jésus, nous avons la mauvaise habitude de dire « Jésus-Christ », comme s’il s’agissait d’un nom double, comme Jean-Jacques ou Pierre-Yves. Or faire ainsi de Christ le deuxième nom de Jésus, c’est oublier la proclamation de foi qu’implique le mot Christ. Car ce mot confère un titre, désigne une fonction, celle de Messie ; il n’est autre que la traduction en grec du mot hébreu Messaiah. En vérité, nous devrions dire « Jésus le Christ », ou encore « le Christ, Jésus ».

Mais alors, si Jésus et Christ sont deux appellations distinctes réunies sur une seule tête, deux questions se posent.

Que fut cet homme Jésus ? Ou, pour le dire autrement, que fut le Jésus de l’histoire ? Pour l’essentiel, les témoignages à son sujet se trouvent dans le second Testament, plus particulièrement dans les quatre évangiles. Mais dira-t-on, on sait que les évangiles ont été écrits plusieurs dizaines d’années après la mort de Jésus, que ce ne sont pas des biographies mais des confessions de foi, éclairées par la lumière pascale et désignant déjà Jésus comme le Christ.

Il n’empêche. Au travers de ces textes, on peut retrouver le Jésus de l’histoire. Leur examen attentif nous dit beaucoup du personnage historique de Jésus. De plus, nous connaissons bien maintenant les croyances de la société juive de l’époque, tout comme les mentalités du temps dans cet Orient ancien. Tout laisse penser que, de son vivant, Jésus fut considéré comme un maître (un rabbi), comme un prophète, comme un guérisseur. Quant à lui, plusieurs fois, de façon énigmatique, il s’est dit « Fils de l’Homme ».

Seconde question : comment, à ce personnage historique, a-t-on conféré les attributs d’un être divin ? Tout semblait aller contre. Sa mission se termine sur un échec. Il fut arrêté, condamné à mort, exécuté de façon infamante. Il avait annoncé la venue imminente du Royaume de Dieu ; le Royaume n’est pas venu. Et voilà que, motivés, bouleversés, transformés par les apparitions qui suivent la Pâques, ses disciples le proclament ressuscité et toujours vivant. Assurés de la résurrection, non seulement ils affirment que Jésus est le Messie attendu par Israël, mais ils le disent Fils de Dieu et Sauveur du monde.

Comment donc tous ces titres christologiques lui furent-ils donnés ? Tout porte à penser que ces titres – Christ, Fils de Dieu, Sauveur du monde – existaient en germe dans la théologie de certains courants juifs d’avant Jésus. Sans compter en plus l’influence de modes de pensées propres à l’époque ; sans compter l’influence de l’hellénisme, qui peu à peu devint prédominant dans le christianisme ancien ; sans compter aussi cette pensée venue de l’Iran mazdéen qui, elle aussi, attendait une fin des temps qui verrait la régénération du monde, apportée par un être à la fois humain et surnaturel.

Aux origines du christianisme, toutes ces affirmations ne furent pas admises par tous ni sans discussion. Aussi y eu-t-il de nombreuses et vives querelles théologiques sur ces questions.

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