Historique

Histoire de la paroisse

 

En 100 ans, plus de 15 pasteurs se sont succédés au service de l’Église Réformée d’Auteuil. Avec l’aide de la communauté, ils ont poursuivi l’engagement évangélique et social initié en 1897 dans un quartier en constante évolution. Une occasion de rappeler l’histoire d’une aventure humaine et évangélique.

 

Les pasteurs de l’Église réformée d’Auteuil

Plusieurs ministres se sont succédés au service de l’Église Réformée d’Auteuil. Les uns ont été titulaires de leur poste, les autres ont assuré un intérim.

Voir le tableau des pasteurs de l’église réformée d’Auteuil.

 

 

L’engagement

L’Église Réformée d’Auteuil est une paroisse membre de l’Église Protestante Unie de France (EPUdF), issue des mouvements de réforme du XVIe siècle.

Fondée en 1897, elle est installée depuis 1931 au 53 de la rue Erlanger à Paris 16ème et, depuis 1971, dans les locaux actuels. Elle est une communauté chrétienne, c’est-à-dire qu’elle confesse que Dieu existe, qu’il s’est manifesté aux hommes à travers Jésus-Christ et, avant lui, à travers toute l’histoire du peuple d’Israël.

 

Un engagement social

En arrivant à Auteuil, Osée Foulquier décide de poursuivre l’œuvre entreprise dans le XVIIe arrondissement et à Courbevoie : l’évangélisation menée de pair avec la lutte contre les fléaux sociaux qui apparaissent ou se développent à la fin du XIXe siècle.

L’évangélisation

La manière de concevoir l’évangélisation a considérablement évolué en 100 ans.

Au début du siècle, l’évangélisation se veut avant tout militante. Même si les protestants ont plutôt tendance à jouer les arbitres dans les luttes qui opposent les athées à l’Église catholique, ils cherchent néanmoins à promouvoir les valeurs de l’Évangile et à marquer leur terrain au moment où se profile la séparation de l’Église et de l’État. Ils utilisent, déjà, les techniques du marketing moderne : distribution de tracts, conférences itinérantes favorisées par l’invention toute récente de l’automobile. L’évangélisation est menée alors à deux niveaux. À l’échelle régionale, on se déplace dans la banlieue ouest pour annoncer l’évangile. À l’échelle locale surtout, des réunions de quartier permettent à certains d’entendre parler de l’évangile pour la première fois et c’est à cette occasion qu’ont lieu des conversions, parfois spectaculaires, comme celle de ce tailleur de Courbevoie relatée dans le Rapport de 1896 :

« Un soir, sollicité par un ami qui se tenait à la porte, à assister à la conférence, il entre dans la salle, s’assied et fixe sur l’orateur des yeux brillants qui semblent vouloir sortir de leur orbite. Il a un peu trop bu, mais pas assez pour ne pas pouvoir suivre le service. C’est la première fois qu’il entend la prédication de l’Évangile. Son intérêt est vivement excité, il fait tout le temps des signes d’approbation. Et quand, à la sortie, on lui demande s’il reviendra : « Certainement, répond-il, je reviendrai. » Cet homme revint en effet, avec sa femme ; il ne tarda pas à se convertir et à renoncer à sa terrible passion. D’ivrogne endurci, il est devenu un abstinent convaincu. Voilà à peu près trois ans qu’il ne boit que de l’eau »

L’évangélisation se fait par la suite plus discrète. Il est vrai que la construction du second temple est un témoignage suffisamment fort de la présence réformée dans le quartier.

Enfin, dans les années 70, la notion même d’évangélisation est regardée avec suspicion. Face à la déchristianisation qui guette toutes les couches de la société, les Églises traditionnelles n’osent plus parler d’évangélisation : aux yeux de certains, le terme, qui évoque par ailleurs l’activité des missionnaires dans les colonies, prend une connotation péjorative.

 

La lutte contre les fléaux sociaux

À l’origine de la paroisse, l’action sociale réside essentiellement dans la lutte contre l’alcoolisme, fléau qui touche principalement la classe ouvrière. Pour informer les gens des méfaits de l’alcool, on organise des réunions publiques dans lesquelles interviennent des « repentis ». Tous les moyens qui peuvent dissuader les hommes de boire sont employés : on crée une « Société de tempérance » et on organise ainsi des soirées récréatives « afin de soustraire le plus grand nombre d’hommes possible à l’influence du café ou du cabaret ».

On s’attaque également à la misère qui empêche certains parents d’élever dans de bonnes conditions leurs enfants en fondant un foyer en 1901.

Si le combat contre l’alcoolisme n’est plus aujourd’hui la priorité, la lutte contre la misère et l’exclusion est restée l’un des points forts de l’engagement de la paroisse comme en témoigne, par exemple, l’alphabétisation menée auprès des populations ne maîtrisant pas le français.

Ces 25 dernières années, suite à l’évolution de la société et de la population du quartier, la paroisse a redéfini ses priorités. C’est ainsi que le témoignage rendu à l’extérieur s’est enrichi d’une nouvelle dimension culturelle avec la création du centre Études et Recherche.

La communauté

Un public hétéroclite

Lorsque Osée Foulquier s’installe rue Boileau, il n’existe aucune autre Église protestante dans les environs proches. D’ailleurs, le quartier ne compte qu’assez peu de protestants. Dans un premier temps, ceux-ci se montrent plutôt circonspects : ils préfèrent garder leurs distances avec une Église qui se fixe pour mission principale d’organiser des «conférences populaires sur l’évangile » et de mener une lutte acharnée contre l’alcoolisme.

Les premiers fidèles sont gagnés grâce aux réunions organisées par l’œuvre Évangélique qui touchent un milieu modeste. Il s’agit principalement d’ouvriers et de domestiques, mais aussi de jeunes gens qui souhaitent recevoir un accompagnement spirituel avant de partir pour le service militaire. La plupart n’ont reçu aucune éducation religieuse ; certains sont des catholiques détachés. L’organisation du service dominical témoigne de cet éclatement puisque, outre le culte de 10 h 30, un culte dit « populaire » est prévu à 15 h30 pour ceux, les domestiques notamment, qui travaillent le dimanche matin.

Malgré la disparité du public, le 29 de la rue Boileau devient rapidement un lieu d’ouverture puisque son statut d’Église libre lui permet de conserver son indépendance et d’être fréquentée par des Luthériens, des Réformés, des Libres, des Méthodistes et des Baptistes !

En 1906, après la séparation de l’Église et de l’État, l’Association Cultuelle « Auteuil-Point du Jour » est créée.

 

Une communauté rayonnante

A partir des années 30, le quartier d’Auteuil connaît un nouvel essor dans son développement. A l’instar de ces changements, la physionomie de la paroisse évolue sensiblement.

La réalisation des grands ensembles en brique du quartier attire une nouvelle population qui envoie ses enfants dans les deux nouveaux lycées, Claude Bernard et Jean de La Fontaine. Certains de ces nouveaux habitants sont des protestants de souche et ils aspirent à se retrouver dans un temple qui ne soit pas un bâtiment « préfabriqué », mais un véritable édifice religieux qui ait pignon sur rue. Néanmoins, leurs enfants et surtout leurs petits-enfants, nés après la guerre, se retrouveront vite à l’étroit dans le second temple édifié en 1931.

 

Une communauté autonome

L’onde de choc suscitée par le mouvement contestataire de mai 1968 ébranle toutes les couches de la société et toutes les institutions : l’Église n’est pas épargnée. Alors que partout l’autorité est systématiquement remise en cause, les paroissiens décident de s’investir davantage dans la vie de leur communauté et les pasteurs les y encouragent en créant de multiples activités annexes (centre d’Études et Recherche, atelier de théologie, cours de grec ou d’hébreu) prises en charge par des laïcs. C’est dans cet esprit d’ouverture qu’est conçue l’architecture du troisième temple qui doit permettre le développement de ces activités.

 

Les trois temples

Trois temples, trois moments particuliers de la vie d’une paroisse.

Voir une vidéo présentant les différents temples d’Auteuil.

Témoins des changements et de l’évolution de la vie sociale, les trois temples retracent l’histoire d’une communauté soucieuse avant tout de rendre un témoignage dans le quartier de Paris-Auteuil.

 

1. Un petit temple en bois

« Nous avons décidé d’établir notre nouvelle chapelle dans cette partie de l’ouest de Paris qui porte le nom d’Auteuil et où n’existe aucun lieu de culte protestant.
Le seigneur vient de nous faire trouver, au centre de ce grand quartier qui grandit tous les jours, un emplacement, maison et jardin, qui paraît admirablement convenir à notre objet. La maison restaurée servira de presbytère au pasteur, et dans le jardin nous ferons élever un petit temple en bois et fer, démontable, pouvant contenir aisément 125 personnes et à l’occasion 150. » 
Extrait du Rapport de 1896

L’implantation du premier temple dans la quartier d’Auteuil, situé 29 rue Boileau, est due à l’élan missionnaire d’Osée Foulquier conjugué aux circonstances. « L’œuvre Évangélique Populaire de Paris-Ouest et de Courbevoie » dispose en effet de deux lieux de réunion en 1896, une chapelle avenue Niel à Paris, et une salle en banlieue à Courbevoie. Mais le montant élevé du loyer à Paris décide l’œuvre à chercher un autre endroit dans lequel elle pourra poursuivre sa mission d’évangélisation et d’action sociale ; ce sera le quartier d’Auteuil.

L’inauguration de ce premier temple a lieu le 9 avril 1897, en présence de 15 fidèles. Dans l’esprit des membres de l’œuvre évangélique, la chapelle en bois est un bâtiment provisoire qui doit pouvoir être démonté et réutilisé, le cas échéant, dans un autre quartier de Paris ou en banlieue. Très rapidement d’ailleurs, on s’achemine vers la solution d’un temple en dur qui doit être « plus en rapport avec les besoins d’une paroisse jeune, vivante, en plein épanouissement, riche d’avenir ».

L’expropriation de la rue Boileau, motivée par les travaux d’agrandissement de L’Ecole Normale d’Instituteurs, fournira le prétexte au déménagement rue Erlanger.

 

2. Un temple en briques

La construction du second temple a été rendue possible grâce à l’acquisition d’un terrain appartenant au sculpteur Morice. Dans un premier temps, on se réunit dans l’atelier du sculpteur situé au fond du jardin. La maison existante sert de nouveau presbytère.

 

On fait appelle pour la réalisation du nouveau temple à deux architectes spécialisés dans la construction d’édifices religieux, Wullfleff et Verrey; ils édifient un bâtiment de style romano-lombard.

 

Le peintre suisse Louis Rivier réalise la fresque grandiose de la crucifixion qui orne le mur du fond: un légionnaire romain, spectateurs émus de l’agonie du Christ, et saint Jean assistent à sa crucifixion au pied de la croix.

 

La première pierre est posée le 7 mai 1931, par un beau jour de printemps ; dans l’enthousiasme général, on chante un Te Deum. Le premier culte dans le nouveau temple est célébré un an plus tard, le 8 mai 1932.

 

3. Le temple en béton

D’une capacité de moins de 200 places, le temple en brique s’est révélé rapidement trop exigu pour une communauté qui comptait déjà en 1948 plus de 500 membres et une centaine d’enfants à l’école du dimanche.

En outre, l’absence de locaux paroissiaux, à l’exception d’une salle, ne permettait pas le développement des diverses activités que la paroisse entendait développer et le terrain n’était pas assez spacieux pour l’adjonction de nouveaux bâtiments. Il fallait donc détruire cette église dont on n’avait pourtant dit lors de la pose de la première pierre qu’elle « [durerait] aussi longtemps que la cité où elle [allait] être dressée ».

Les dimensions réduites de l’espace libéré par l’ancien temple incitèrent les paroissiens à concevoir un projet audacieux et inédit : la réalisation d’un immeuble d’habitation dont la paroisse occuperait le sous-sol et les trois premiers niveaux.

Pendant toute la durée des travaux, la paroisse bénéficie de l’accueil plus que chaleureux des communautés voisines qui mettent leurs locaux à sa disposition. Ainsi l’école Lamazou accueille l’école biblique et certaines de ses classes, à la demande de la directrice, participent même aux cours d’instruction religieuse. Le nouveau temple est livré le 27 septembre 1970 et son inauguration solennelle a lieu le 21 mars 1971.

 

Le centenaire

L’Église Réformée d’Auteuil a fêté, les 21 et 22 novembre 1997, le centenaire de la communauté. Une occasion de rappeler l’histoire d’une aventure humaine et évangélique. Voici donc quelques points de vue sur l’évolution de la paroisse.

 

 

Quelques points sur  » l’Âme  » des choses !

Ce qui frappe le plus, lorsqu’on regarde ce dernier siècle, c’est le dynamisme de la paroisse, sa faculté de réagir face aux nécessaires adaptations qu’elle aura à vivre. Trois périodes successives marquent la trace de ces évolutions, qui font correspondre au mieux un contexte social, une communauté, des lieux et ses serviteurs.

 

L’élan missionnaire

La communauté est créée sous l’impulsion du pasteur Foulquier, dans un esprit de mission évangélique, auprès d’une population modeste nouvellement protestante. Une chapelle en bois sans prétention, un leader charismatique qui fait partager sa foi ; c’est le temps de l’enthousiasme donné et de la construction où chacun doit s’impliquer fortement.

 

L’élan communautaire

L’expropriation de la chapelle, l’embourgeoisement des environs et l’accroissement de la communauté amènent à un redémarrage. C’est le temps de l’installation, avec un temple en brique et une ouverture théologique libérale donnée par le choix des pasteurs. La paroisse vit alors une grande activité, s’adaptant à l’afflux de familles d’origine protestantes, et d’enfants amenés par la construction des lycées. Elle se tourne résolument vers une vie communautaire forte, dynamisée par le charisme de ses responsables.

 

L’élan novateur

La paroisse d’Auteuil a d’abord vécu un élan de foi missionnaire, puis de construction, de réactions et de stabilisation. Toutes ces dimensions y sont représentées actuellement et doivent être vécues dans un même ensemble qui tienne compte de la densité de son l’histoire et de sa capacité à s’engager dans de nécessaires adaptations. Elle a tenté de répondre constamment à la question : comment vivre sa foi ensemble et dans le monde. Seul l’enthousiasme de la foi peut permettre de comprendre qu’elle ait pu s’adapter sans se perdre. Mais il lui faut maintenant gérer son expansion et sa multiplicité, de façon équilibrée entre les pôles intellectuels, spirituels et sociaux. Elle est de nouveau forcée à vivre.

 

 

Quelques mots de conclusion

C’est le temps des réactions. L’expansion interne de la communauté et sa pluralité, la poussent à s’ouvrir vers l’extérieur à la fin des années 60, en pleine déchristianisation. Un nouveau temple, de nouvelles salles, des équipes pastorales, permettent, avec les associations d’entraide et culturelle de répondre à la diversité des demandes sociales et spirituelles. Le temps des leaders charismatiques fait place à celui de la prise en charge des projets par la communauté elle-même, aiguillonnée par ses pasteurs. Au-delà de la difficulté de gérer la cohérence d’une telle diversité de foi, la communauté ne peut plus vivre sans l’engagement d’équipes nombreuses. Nous sommes au centre de cette période. Les pasteurs deviennent un support pour des projets qui leur sont proposés, les lieux nécessitent un engagement ouvert. C’est le temps de la maturité.

 

 

 

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